Du Domaine New World

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Sphynx

LES MALADIES DU CHAT la péritonite infectieuse féline , la PIF

LA PERITONITE INFECTIEUSE FELINE
  La péritonite infectieuse féline est une maladie mortelle qui peut se présenter sous deux formes cliniques : une forme dite « humide » et une forme dite « sèche ». Cette maladie fait suite à la mutation, à la transformation d'un virus peu pathogène pour le chat en un virus très virulent responsable de cette maladie grave.
UNE MALADIE CAUSEE PAR UN VIRUS MUTANT…
Le virus responsable de la péritonite infectieuse féline est le Coronavirus félin.
Ce virus est présent dans le monde entier. Outre les chats domestiques il infecte les félins sauvages, menaçant ainsi certaines espèces de disparition.
Le coronavirus félin est résistant dans le milieu extérieur pendant 1 à 2 mois si l'environnement est sec. Les détergents et désinfectants l'inactivent rapidement, d'où l'intérêt d'une bonne hygiène et d'un bon nettoyage.

  • Le coronavirus félin est initialement un virus peu pathogène qui colonise le tube digestif des chats. De très nombreux chats abritent ainsi un coronavirus dans leur intestin. Une mutation de ce virus décuple son pouvoir pathogène et lui confère la possibilité de se disséminer dans l'ensemble de l'organisme. A partir de cette mutation on observe une succession d'évènements délétères pour l'organisme, tant par l'action pathogène du virus mutant que par les défenses immunitaires mises en place par l'organisme pour lutter contre l'infection fatale.
QUELS SONT LES CHATS LES PLUS SENSIBLES ?
Tous les chats sont potentiellement sensibles car un grand nombre d'entre eux abritent des coronavirus peu pathogènes dans leur tube digestif (portion intestin grêle). Les chats plus exposés restent cependant ceux vivants en collectivité (augmentation statistique du risque), ceux soumis à un stress ou vivants dans des conditions d'élevage peu favorables.
Les chats les plus sensibles sont donc les chatons vivants en collectivité, après le sevrage, vers 6 semaines, les chats sensibles nouvellement introduits dans une collectivité et les chats non vaccinés ou initialement infectés mais ayant perdu leur immunité.
La maladie est fréquemment rencontrée chez les chats entre 6 mois et 5 ans, et chez les chats de plus de 14 ans.
COMMENT LES CHATS SONT-ILS CONTAMINES ?
La transmission du coronavirus, pathogène ou non, s'effectue par voie « oro-fécale » et par voie « oro-nasale », en inhalant ou en ingérant des matières contaminées.
  • Le virus initialement non pathogène est excrété dans les matières fécalesLes chats porteurs de ce virus dans leur tube digestif peuvent l'excréter pendant 10 mois ! On peut noter que de très nombreux chats domestiques sont porteurs, à un moment ou à un autre de leur vie, de ce virus peut pathogène. Parmi ces chats seuls moins de 10 % développeront une forme clinique de la maladie.
  • Le virus pathogène, présent dans tout l'organisme, est également excrété principalement dans les matières fécales mais aussi dans la salive et l'urine.
Les chatons s'infectent par contact avec leur mère, les chats adultes par contact avec leurs congénères ou leurs déjections d'où l'augmentation de la contamination dans les collectivités de chats.
COMMENT LE VIRUS AGIT-IL ?
Le coronavirus félin, initialement peu pathogène, se multiplie dans certaines cellules immunitaires du tube digestif (macrophages) sans provoquer de signes cliniques. Au cours de ces multiplications le virus peut muter et acquérir ainsi un caractère virulent. Le virus virulent se propage alors largement dans tout l'organisme par voie sanguine et provoque une forte réaction inflammatoire délétère.
Outre cette action inflammatoire délétère du virus pathogène, la réaction de défense de l'organisme du chat infecté influence aussi l'évolution de la maladie. La réaction immunitaire du chat est très forte et des anticorps sont produits en grande quantité. Cette grande quantité d'anticorps peut être néfaste pour l'organisme. De plus, en fonction de la « stratégie » de la réponse immunitaire (stratégie cellulaire forte ou stratégie cellulaire faible), soit l'infection virale est éliminée et le chat guérit, soit la péritonite infectieuse se déclare et l'issue est la mort.
La péritonite infectieuse peut se déclarer sous deux formes :
La forme humide :
Une trop grande quantité d'anticorps, initialement destinés à combattre la maladie, produisent des lésions au niveau des vaisseaux. On observe une fuite de liquide hors des vaisseaux. Ce liquide s'accumule dans l'abdomen (ascite), donnant un aspect typique de ventre en forme de « poire », dans le thorax, autour des poumons (pleurésie) et du cœur (péricardite).
La forme sèche :
Là encore on retrouve une grande quantité d'anticorps, mais aussi quelques cellules immunitaires, qui vont provoquer des lésions sur divers organes mais surtout au niveau desyeux et du système nerveux central.
LES SIGNES DE LA MALADIE…
La période d'incubation est très variable.
La forme humide :
Les symptômes durent 1 semaine à 6 semaines environ. On observe de la fièvre, de l'abattement, une perte d'appétit et une coloration jaunâtre des muqueuses. Dans la très grande majorité des cas l'abdomen se remplit de liquide d'ascite et on observe un ventre en forme de « poire ». On observe parfois des difficultés respiratoires liées à un épanchement thoracique.
La forme sèche :
Les signes cliniques sont moins évidents. Les symptômes durent 1 semaine à 3 mois environ. Là encore on remarque de la fièvre, de l'abattement et de l'anorexie. On observe progressivement une accumulation des signes : atteinte nerveuse avec paralysie, incoordination des mouvements, hypersensibilité, atteinte oculaire avec uvéite, atteinte digestive avec vomissement et diarrhée, atteinte rénale avec augmentation de la boisson et vomissements, atteinte hépatique avec augmentation de la prise de boisson, vomissements et ictère, etc…
L'issue, dans les deux formes, est quasiment toujours la mort (dans plus de 95 % des cas) et il est conseillé, lorsque la maladie est identifiée, d'euthanasier le chat pour lui éviter de souffrir.
SOIGNER ET PREVENIR…
La péritonite infectieuse ne peut pas se soigner. Le vétérinaire pourra soulager les souffrances du chat et vous aider à prendre une décision d'euthanasie.
La prévention passe par une détection des porteurs et excréteurs du virus peu pathogène :
Dans les collectivités de chats il est important de repérer les chats qui, à un moment de leur vie, excrètent le virus non pathogène. Des analyses sanguines permettent de repérer les chats porteurs du virus sans toutefois faire clairement la distinction entre virus pathogène et virus non pathogène. Notons que parmi les chats porteurs du virus (test sanguin positif) environ 1/3 excrètent le virus dans l'environnement et que seuls 10 % environs développent une péritonite infectieuse. Un résultat positif, en l'absence de signes cliniques, ne doit donc pas conduire à l'euthanasie du chat ! Rappelons aussi que les chats excrètent souvent le virus pendant quelques mois seulement, cela par périodes en fonction de leur ré-infections successives.
La détection des excréteurs est cependant importante afin de constituer un groupe de chats non-excréteurs et un groupe de chats excréteurs. Les deux groupes seront strictement isolés (matériel, vêtement, jeux, nourriture…). Les chats excréteurs seront testés régulièrement. Lorsque les résultats des tests seront négatifs alors ils pourront rejoindre le groupe des chats non excréteurs. Les chats excréteurs resteront sous surveillance clinique étroite afin de repérer rapidement une éventuelle déclaration de la péritonite infectieuse.
La prévention passe également par une hygiène correcte :
Les litières, lieux de couchage et de vie doivent bien sûr être nettoyés et désinfectés avec des produits actifs. Les gamelles et les litières seront idéalement personnalisées.
La question de la vaccination…
Un vaccin est actuellement sur le marché dans certains pays. Ce vaccin s'administre par voie nasale en respectant un protocole de 2 injections à 3 ou 4 semaines d'intervalle avec un rappel annuel.
Cette vaccination présente cependant plusieurs limites :
 - L'utilisation du vaccin dans des conditions d'innocuité satisfaisante est recommandée à partir de 16 semaines, or les chatons peuvent s'infecter dès 6 semaines.
 - L'efficacité de la vaccination est modérée, de nombreux chats vaccinés tombent quand même malades gravement.
 - L'innocuité du vaccin ne semble pas parfaite.
La vaccination contre la péritonite infectieuse est donc déconseillée de façon systématique. Elle peut être recommandée pour les chats à risque vivants en collectivité et pour lesquels la détection des excréteurs est difficile.
Ce vaccin constitue néanmoins un progrès considérable en médecine vétérinaire et on peut espérer que les difficultés pour produire un vaccin efficace seront bientôt surmontées.